Le Machu Picchu a été construit autour de 1450, à l’apogée de l’empire inca. La construction du Machu Picchu semble dater de la période de deux grands Incas : Pachacutec Inca Yupanqui (1438-1471) et Tupac Yupanqui Inca (1472-1493). Il a été abandonné un peu plus de 100 ans plus tard, vers 1572, à la suite de la conquista espagnole. Il est possible que la plupart de ses habitants soient morts de la variole introduite par les voyageurs, peu avant l’arrivée des conquistadors dans la région. Les roches sacrées, qui ont été défigurées par les conquistadors dans d’autres endroits, sont restées intactes au Machu Picchu. Bien que la citadelle soit située à seulement 80 km de Cuzco, la capitale inca, les Espagnols ne l’ont jamais trouvée et par conséquent, ils n’ont jamais eu l’opportunité de la piller ou la détruire, comme cela s’est fait ailleurs.
Sa redécouverte par Hiram Bingham
Hiram Bingham était un historien américain, employé comme maître de conférences à l’Université de Yale, et qui n’était pas spécialement connu pour être un archéologue chevronné. En 1909, à son retour du congrès scientifique panaméricain à Santiago, il voyagea à travers le Pérou et fut invité à explorer les ruines incas de Choqquequirau dans la vallée de l’Apurimac, ce qui lui donna un goût certain pour les ruines incas. Il organisa donc, en 1911, une expédition avec comme objectif de rechercher la cité perdue de Vitcos, la dernière capitale des Incas. Il étudia de nombreuses sources et consulta Carlos Romero, un historien de Lima. En recoupant différentes informations, l’expédition descendit la vallée de la rivière Urubamba sur la nouvelle route qui fut achevé en 1895. En cours de route, il demanda aux populations locales de leur montrer des ruines incas. Au moment où ils campèrent à Mandor Pampa, avec le Huayna Picchu situé à 2000 pieds au-dessus d’eux sur la rive opposée, aucun ne reconnut les descriptions qu’ils avaient de Vitcos. A Mandor Pampa, Bingham demanda à un agriculteur local et aubergiste, Melchor Arteaga, s’il connaissait des ruines dans la région et celui-ci lui répondit qu’il était au courant de quelques superbes ruines sur le sommet du Huayna Picchu. Le lendemain, le 24 Juillet 1911, Arteaga conduisit Bingham et le sergent Carrasco du côté de la rivière sur un pont de bois primitif en direction de la montagne. Au sommet de la montagne, ils tombèrent sur une petite cabane occupée par un couple de Quechuas, Richarte et Alvarez, qui cultivaient certaines des terrasses agricoles du Machu Picchu originel, qu’ils avaient défrichées quatre ans plus tôt. Après un repos et des rafraîchissements, Bingham fût mené le long de la crête des principales ruines par Pablito, le fils de 11 ans d’Alvarez.
Photo du sergent Carrasco et de Pablito Alvarez
Les ruines étaient pour la plupart recouvertes de végétation, sauf pour les terrasses agricoles, et les clairières défrichées et utilisées par les agriculteurs comme jardins potagers. En raison de la végétation, Bingham n’était pas en mesure d’obtenir une vision complète du site. Il prit quelques notes préliminaires et mesures, photographia le lieu et observa la grande qualité des pierres incas de plusieurs bâtiments principaux. Bingham était cependant loin de son objectif initial, et trouvait qu’il n’y avait aucune indication qui correspondait à la description de la ville de Vitcos. L’expédition continua sur l’Urubamba et les rivières Vilcabamba, en examinant toutes les ruines qu’ils purent trouver, pour finalement trouver et identifier correctement le site de l’ancienne capitale inca, Vitcos, ainsi que le temple voisin de Chuquipalta. Par la suite, il trouva plus de ruines profondément enfouies dans le sous-bois de la jungle à Espiritu Pampa. En raison d’un site si fortement envahi, il ne nota que quelques-uns des bâtiments, et ne put apprécier à sa juste valeur la grande étendue du site.
NB : En 1964, Gene Savoya fit une exploration plus poussée des ruines de Espiritu Pampa et qui révéla toute l’étendue du site, l’identifiant comme Vilcabamba Viejo, là où les Incas fuirent les Conquistadors, après avoir été chassés de Vitcos.
Vue d’ensemble du Machu Picchu en friches (National Geographic)
Au retour de l’expédition sur la rivière Urubamba, Bingham envoya deux membres de l’équipe faire un peu de reconnaissance et de cartographie du site qu’il nomma « Machu Picchu » (« vieille montagne » en queshua). Comme Bingham ne put réussir à identifier les ruines de Espiritu Pampa comme Vilcabamba Viejo, il théorisa à tort que Machu Picchu était Vilcabamba Viejo. Bingham retourna à Machu Picchu en 1912 sous le parrainage de l’Université de Yale et la National Geographic Society et avec le plein appui du président péruvien Leguia. L’expédition entreprit un énorme dégagement du site pendant quatre mois avec la main-d’œuvre locale, et qui fut accéléré sous l’égide du préfet de Cuzco. L’excavation commença en 1912 avec de nouvelles fouilles du site entreprises en 1914 et 1915.
Murs de la citadelle à l’époque (National Geographic)
L’accent mis par Bingham sur le Machu Picchu était motivé par la maçonnerie inca absolument remarquable et la nature préservée des ruines, qui n’avaient pas été perturbées depuis que le Machu Picchu avait été abandonné. Bien que Bingham avança diverses hypothèses pour expliquer l’existence du Machu Picchu, aucune d’entre elles ne se sont révélées exactes. La contribution durable de Bingham aura été de faire connaître Machu Picchu au reste du monde et d’entreprendre une étude rigoureuse et approfondie du site. Bingham a écrit un certain nombre de livres et d’articles sur la découverte du Machu Picchu, le plus populaire étant la « La fabuleuse découverte de la cité perdue des Incas« , une rétrospective de son expédition en 1911 et de sa découverte du Machu Picchu, écrit en 1948, au crépuscule de sa vie. Ce livre inspira en partie, plus tard, le célèbre personnage d’Indiana Jones.
Au cours de ses études archéologiques, Bingham a recueilli divers objets qu’il a ramené à Yale. L’un des objets les plus éminents qu’il ait récupéré est un ensemble de couteaux de cérémonie inca fabriqués à partir de bronze au bismuth. Ces couteaux ont été moulés au cours du 15ème siècle et sont les premiers objets connus contenant du bronze au bismuth.
Lors des fouilles de Bingham au Machu Picchu, les intellectuels locaux commencèrent à s’opposer à l’opération de Bingham et de son équipe d’explorateurs. Bien que les institutions locales furent d’abord enthousiasmées par cette opération leur permettant de mieux connaître leurs ancêtres sur le territoire du Pérou, l’équipe commença à rencontrer des accusations de faute professionnelle, juridique et culturelle. Les propriétaires terriens locaux commencèrent à exiger des paiements de loyer à l’équipe de fouilles, et des rumeurs surgirent à propos de Bingham et son équipe, les accusant de voler des artefacts et de les sortir clandestinement du Pérou via le pays limitrophe de la Bolivie. (en réalité, Bingham récupéra de nombreux objets, mais ouvertement et légalement, ils ont été déposés au Musée de l’Université de Yale.) Ces accusations s’aggravèrent lorsque la presse locale eut vent de ces rumeurs et contribua à discréditer la légitimité de l’excavation, en considérant la pratique comme nuisible sur le site et en affirmant que les archéologues locaux avaient été privés d’une connaissance légitime sur leur propre histoire en raison des fouilles intrusives des archéologues américains. Au moment où Bingham et son équipe quittèrent le Machu Picchu, les habitants commencèrent à former des coalitions pour défendre leur propriété du Machu Picchu et de ses vestiges culturels, alors que Bingham considérait que les artefacts devaient être étudiés par des experts dans les institutions américaines, un argument qui existe encore aujourd’hui. Le site reçut beaucoup de publicité après que la National Geographic Society eut consacré tout leur numéro d’Avril 1913 au Machu Picchu.
En 1981, le Pérou déclara une superficie de 325,92 kilomètres carrés autour de Machu Picchu comme « sanctuaire historique ». En plus des ruines, le sanctuaire comprend une grande partie de la région voisine, riche en faune et la flore des écorégions de puna humide péruvienne de Yungas et des Andes centrales.
En 1983, l’UNESCO désigna Machu Picchu comme site du patrimoine mondial, le décrivant comme « un chef-d’œuvre absolu de l’architecture et un témoignage unique de la civilisation inca ».
En 2007, lors d’un grand vote mondial par internet, le Machu Picchu fut élu comme l’une des « sept nouvelles merveilles du monde ».
Le World Monuments Fund a placé Machu Picchu sur sa sélection des 100 sites les plus menacés dans le monde en 2008 en raison de la dégradation de l’environnement. Ceci est dû à l’impact du tourisme et au développement incontrôlé dans la ville voisine d’Aguas Calientes, qui comprenait un tram mal situé pour faciliter l’entrée des visiteurs, et la construction d’un pont sur la rivière Vilcanota, qui est susceptible d’apporter encore plus de touristes au site, mais au mépris d’une ordonnance de la cour et de manifestations antigouvernementales contre elle.
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